La potomanie : définition et traitement


Les médecins et nutritionnistes martèlent le message, il faut boire au minimum 1,5 litre par jour, bien plus quand on fait du sport ou qu’il fait chaud. Boire de l’eau est excellente pour la santé. Mais, comme pour beaucoup de choses, la modération est la clé. Boire trop d’eau, comme pour l’alcool, constitue aussi une prise de risques. Coup de projecteur sur la potomanie, une pathologie peu connue.

Potomanie, la définition

Latin long chassequi signifie boire, et manie. « La potomanie est un trouble caractérisé par le besoin permanent et irrépressible de boire de l’eau, ou des boissons non alcoolisées, même sans soif. C’est une véritable addiction », ajoute Céline Casse, patiente experte, fondatrice de la plateforme Stop TCA (stoptca.fr). C’est une forme de polydipsie, qui est un besoin exagéré de boire.

Comme pour toute addiction, la personne ne peut pas s’en empêcher, même quand elle le souhaiterait, même quand elle est consciente des risques encourus pour sa santé. « On parle de potomanie à partir d’une consommation de 3-4 litres par jour irrepressible, mais certains patients peuvent boire bien plus, jusqu’à 10 ou 15 litres » poursuit Céline chasse.

D’où vient la potomanie ? Différentes causes possibles

« Les causes de cette maladie sont nombreuses », annonce Céline Casse. De fait, elles sont souvent d’origine psychiatrique, mais peuvent aussi avoir une explication biologique. « Certaines personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, tels que la boulimie ou l’anorexie, peuvent boire une grande quantité d’eau, des litres, pour se remplir et compenser, dans le cas de l’anorexie, le manque de nourriture » . Ce n’est pas la seule des causes possibles.

Quand une personne atteinte de diabète, mais qu’elle n’a pas encore été atteinte, elle va souvent souffrir de polyurie, accompagnée d’une douleur intense et peut donc devenir potomane.

La potomanie peut aussi traduire un dérèglement des circuits, à l’intérieur du cerveau, qui régulent la soif. Des maladies psychiatriques telles qu’une schizophrénie ou une démence peuvent aussi être à l’origine de ce trouble irrépressible.

Tout comme la prise de certains médicaments, à l’origine d’un dessèchement buccal. Enfin, l’âge joue aussi un rôle, car après 60 ans, le risque de potomanie augmenté.

Quels sont les symptômes et les risques de la potomanie ?

Naturellement, une polyurie, soit la fréquence de sécrétion et l’excès d’urines, caractérisent le premier des symptômes accompagnant la potomanie chez le patient. Quand les potomanes boivent trop de liquide, les rênes, débordés, n’ont pas le temps de faire leur travail, et n’arrivent pas à eliminator l’excès. L’eau s’accumule alors dans les cellules, la concentration de sel (sodium) dans le sang baisse. De l’eau, cela peut paraître inoffensif tant que la boisson est vitale, primaire et insipide. Mais il n’en est rien : les conséquences d’une consommation excessive peuvent être dévastatrices pour la santé.

« Le corps n’est pas capable d’absorber de telles quantités de liquide. Boire plusieurs litres d’eau dérègle complètement notre organisme, pouvant entraîner des gonflements des mains et des pieds, des nausées, des vomissements, des maux de tête, des sensations de fatigue , malaise, œdème cérébral et jusqu’au coma, pouvant entraîner la mort » évoque la patiente experte.

C’est ce qui est arrivé en 2007 à une jeune maman de 28 ans, qui a perdu la vie après avoir bu trop d’eau. Jennifer Lea Strange a participé au concours lancé par les animateurs de la radio californienne KDND-FM. L’objectif était de boire le plus d’eau possible – sans pouvoir aller se soulager aux toilettes – en un minimum de temps. Le vainqueur remportait une console Wii de Nintendo. Après avoir ingurgité environ 7,5 litres d’eau, la jeune femme s’est plainte de maux de tête et est rentrée chez elle. Elle a été retrouvée morte 5 h plus tard. Une autopsie a révélé qu’elle était morte d’une « intoxication à l’eau ». Un phénomène qui peut donc entraîner un œdème ou une gonflement du cerveau, le coma, puis la mort.

Quelle prise en charge pour ce trouble ?

« Lorsqu’un patient est atteint de potomanie, il est très important de consulter un médecin pour diminuer sa consommation d’eau », préconise Céline Casse. Mais le choix du spécialiste ou de la discipline dépendra alors des causes de la potomanie et des troubles à traiter.

  • Quand l’origine de la potomanie est biologique, comme un diabète non atteint, traiter le diabète fera naturellement disparaître la potomanie et ce besoin irrépressible de boire des quantités d’eau ;
  • Quand le trouble est d’ordre psychologique, les patients ne doivent pas hésiter à demander l’aide s’ils veulent s’en sortir. Une thérapie cognitive et comportementale pourra notament aider. Le thérapeute aide son patient à changer progressivement son comportement. Quelques séances peuvent suffire à stopper l’addiction à la boisson ;
  • La sophrologie peut aussi accompagner utilement ce processus, en ressentant l’anxiété du patient.

La potomanie est un trouble parfois difficile à détecter pour l’entourage, en raison de la discrétion des symptômes. C’est donc aux malades eux-mêmes de prendre la décision de consulter, pour trouver le bon traitement contre leur addiction. Mais parfois, les potomanes ne se produisent pas compte de leur pathologie, et des risques qu’ils prennent avec leur comportement, notamment quand l’origine est psychologique. Enfin, quand une personne est victime d’une intoxication à l’eau, une hospitalisation en urgence s’impose. Le traitement du patient repose alors en général sur la prise de diurétiques, pour agresser l’élimination d’une plus grande quantité de liquide par les urines.




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