Selon le Pr Stéphane Schneider, responsable de l’Unité de Support Nutritionnel du Pôle Digestif au CHU de Nice, l’accumulation des preuves scientifiques sur l’existence de liens délétères entre cancer et dénutrition ne laisse pas d’alternative : « Il faut que la prise en charge nutritionnelle commence dès l’annonce de la maladie.«
L’efficacité même des traitements proposés, délivrés, chirurgicaux, radiothérapeutiques, en dépendrait. « C’est tout le programme thérapeutique et donc le pronostic même associé à la maladie qui est compromis par la dénutrition. Il a été en effet prouvé qu’une personne dénutrie au moment de sa prise en charge ne bénéficiera pas du traitement idéal ; il aura tendance à limiter les doses, à esspacer les traitements, voire à récuser la chirurgie… »
Aussi, dès qu’un diagnostic de dénutrition est posé, témoignant d’un déséquilibre entre les besoins et les apports, il est essentiel d’y remédier, et de pourvoir la prise en charge tout au long du parcours thérapeutique.
« On recourt generalement dans un premier temps à des compléments nutritionnels oraux. Il est important d’en varier les parfums, de les consommer frais plutôt qu’à température ambiante et surtout à distance des repas. »
Lorsque cette solution ne suffit pas, c’est la nutrition artificielle qui est envisagée. « La mise en place d’une sonde entérale permet de court-circuiter l’absence d’appétit ; il s’agit en effet d’administrer les nutriments sous forme liquide dans le tube digestif par l’intermédiaire d’une sonde passant par On peut enfin, lorsque le patient n’est pas en mesure d’obtenir tous les nutriments dont il a besoin par la bouche ou par alimentation entérale, mettre en place une nutrition dite parentérale. d’un cathéter placé dans une veine. »
Les arguments avancés par le Pr Schneider pour convaincre de la nécessité de s’intéresser de près à la thématique nutrition tienn en un chiffre très parlant : « On estime que 40 % des personnes atteintes d’un cancer sont en situation de dénutrition ; ce taux est une moyenne, s’agité de certains cancers, comme un cancer du pancréas, il peut atteindre près de 70 %. »
Une pesée régulière
Dans ce contexte, et sachant les effets de la dénutrition sur la réponse aux traitements médicamenteux notamment, le Pr Schneider préconise des mesures simples, comme « peser le malade dès le diagnostic et suivre ensuite au fil des consultations l’évolution de son poids ».
Un protocole entré dans la routine au niveau de l’hôpital (et incitateur par une valorisation financière de la pesée). Mais qui n’est pas encore systématique. Ce qui conduit le Pr Schneider à s’adresser aux malades eux-mêmes. « Demandez à être pesé régulièrement, dès que vous êtes en contact avec un professionnel de santé. »
Les recommandations
Un état des lieux des connaissances sur l’influence des facteurs nutritionnels pendant et après la maladie cancéreuse a été réalisé en 2021, par un groupe d’experts parmi les que le Pr Stéphane Schneider.
Outre les incitations à la prudence concernant la prise d’antioxydants ou la consommation d’alcool, susceptibles d’interagir avec les traitements et de réduire leur efficacité, des recommandations ont été appliquées pour chaque localisation de cancer.
Mais, insiste le groupe d’experts, dans tous les cas, « il est impératif d’évaluer l’état nutritionnel du patient (évolution du poids et indice de masse corporelle : IMC, quantification de la masse et/ou de la fonction musculaire…) dès le diagnostic et tout au long du parcours de parcours soins. La prise en charge nutritionnelle, lorsqu’elle est nécessaire, sera adaptée à la situation clinique du patient. et dénutrition. Le retour à un poids normal (IMC compris entre 18.5 et 25) ne peut être envisable que chez les patients après traitement Pour les personnes en situation d’obésité, l’atteinte d’un IMC caractésirant un surpoids ( 25 – < 30kg/m2), est un objectif plus réaliste. Chez les personnes âgées de plus de 70 ans, la perte de poids doit aussi être interrompue, pendante et après les traitements."