Alimentation : le Nutri-Score change en 2023 – Prévention


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Le mode de calcul du Nutri-Score, ce logo qui résume la qualité nutritionnelle des aliments, doit évaluer en 2023 pour tenir compte des nouvelles connaissances en matière de nutrition. Cette mise à jour permettra de mieux différencier les produits entre eux… même si l’étiquetage n’est toujours pas obligatoire.

nutri-score

Cinq lettres du A au E, cinq couleurs du vert foncé au rouge. Depuis sa mise en place en 2017, les consommateurs français ont adopté le Nutri-Score, qui a traduit sous une forme simplifiée les informations du tableau nutritionnel figurant sur l’emballage des produits alimentaires.

Conformément aux données scientifiques démontrant l’impact de l’alimentation sur la santé, le système de notation valorise la teneur des aliments en fibres, fruits et légumes, protéines ou légumes secstandis que les acides gras saturés, les excès de sucre ou de sel et les apports caloriques font chuter le classement.

Le Nutri-Score évolue pour s’adapter aux nouvelles recommandations

Une mise à jour de l’algorithme – l’outil de calcul et de notation – du Nutri-Score interviendra en 2023, comme dès prévu sa création. « Nos connaissances progressent. Aujourd’hui par exemple, nous en savons davantage sur les édulcorants, les effets de la viande rouge, des fibres ou du sucre, explique le Pr Serge Hercberg, nutritionniste et initiateur en France du Nutri-Score. Et puis le marché a changé, avec de nouveaux produits et formulations. »

Mieux différencier les produits entre eux

Les modifications ont été élaborées par un comité scientifique réunissant des chercheurs indépendants. Il s’agit, pour l’essentiel, de nuancer les partitions pour mieux différencier les produits entre eux.

  • Les produits riches en sel ou en sucre seront plus sévèrement notés. Les céréales du petit-déjeuner en particulier, dont certaines s’étaient hissées jusqu’au A, vont dégringoler en C voire D ou E. Tout comme les noix et graines sucrées ou salées.
  • Le classement distinguera mieux les produits céréaliers complets (pains, pâtes, riz…), richesses en fibres (A) et les produits raffinés (B ou C).
  • La viande rouge sera moins bien classéedans des catégories inférieures à celles de la volaille ou du poisson, en raison des risques courus de cancers et de maladies cardio-vasculaires.
  • Les plats composés prêts à manger passeront des classes A/B aux classes B/C, voire D pour certaines catégories de produits, notamment les pizzas.
  • La classification des fromages tiendra mieux compte de leur teneur en sel et acides gras saturés. Les fromages à pâte dure moins salés (comme l’emmental) seront classés C, les autres resteront en D ou E.
  • Les huiles les moins riches en graisses saturées (olives, noix, colza) seront mises en avant (B), par rapport à l’huile de tournesol (C) les huiles d’arachide, maïs, soja (D), l’huile de coco (E) et le beurre (E).

La notation des autres groupes alimentaires reste maintenue, sauf celle des boissons, dont la révision est encore à l’étude.

Le Nutri-Score : un étiquetage qui reste facultatif

À ce jour, le Nutri-Score n’est obligatoire dans aucun des pays européens qui l’ont adopté (France, Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne, Suisse). La démarche est volontaire : les entreprises qui souhaitent le voir figurer sur leurs doivent s’inscrire sur une plateforme officielle.

À défaut d’avertissement, les consommateurs peuvent appliquer quelques principes simples, conseillent Olivier Andrault, chargé de mission agriculture et alimentation à l’UFC Que-Choisir. « D’abord, privilégier les aliments bruts et le fait-maison. Et si on achète un produit transformé, on choisit celui dont la liste d’ingrédients est la plus courte, et qui comporte le moins d’additifs. »

Bon à savoir : l’application Quel Produit, développée par l’association, informe sur le Nutri-Score et la présence d’additifs, et propose des alternatives plus intéressantes sur le plan nutritionnel et exemptes d’additifs potentiellement dangereux.

Bientôt un étiquetage obligatoire en Europe ?

En octobre 2021, le Parlement européen a voté pour un système harmonisé et obligatoire d’avertissement nutritionnel sur les emballages, à l’échelle de l’Union européenne. Depuis, les lobbies se déchaînent pour empêcher que le Nutri-Score soit choisi.

Son système de notation, prétendent-ils, favoriserait l’alimentation industrielle, au détriment des produits du terroir. La preuve : des céréales ultra-transformées mieux notées qu’un roquefort labellisé AOP. Sauf que l’argument ne tient pas, détaille Olivier Andrault. « Le Nutri-Score permet de comparer entre eux des produits de même usage, explique-t-il. Personne, à l’heure du fromage, n’hésite pas entre des céréales et du roquefort. Mais surtout, le score reflète la valeur nutritionnelle d’un aliment. Même artisanal et fabriqué selon un savoir-faire ancestral, s’il est gras et salé, on doit le consommer en quantité limitée. »

Bien manger : un enjeu de santé publique

Pour contre-carrer cette désinformation, l’UFC-Que Choisir a passé au crible 588 produits locaux, de la mâche nantaise IGP à la cancoillotte de Franche-Comté, en passant par le cassoulet ou le far breton. Résultat ? 62 % de ces aliments obtiennent un score A, B ou C. Signe que « l’argument des fabricants selon lequel le Nutri-Score stigmatise les produits du terroir est fallacieux », résume Olivier Andrault.

Pour le Pr Serge Herzberg, il s’agit de toute manière d’un faux procès. « On nous accuse d’être d’affreux hygiénistes, acharnés à affadir les assiettes, mais je le répète : dans une alimentation équilibrante, aucun produit n’est interdit, pas même ceux notés D et E. Il faut seulement les consommer en quantité raisonnée. C’est ce que rappelle le Nutri-Score. » L’enjeu, insiste-t-il, est de santé publique : selon une étude publiée en 2019 dans la revue The Lancet, un décès sur cinq dans le monde serait lié à une mauvaise alimentation.

  • Clémence Dellangnol
  • Crédit photo : Getty Images



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