Deux élues du Nord canadien, Lori Idlout et Niki Ashton du Nouveau Parti démocratique, demandent au gouvernement libéral fédéral de revoir des programmes regroupés dans Nutrition Nord afin de mieux subvenir aux besoins des communautés autochtones éloignées en cette période d’inflation galopante.
Lors d’une conférence de presse à Ottawa mercredi, elles ont rappelé que les produits alimentaires achetés en épicerie peuvent coûter plus de quatre fois plus cher au Nunavut, par exemple, que dans les supermarchés du sud du pays.
Selon elles, le gouvernement fédéral devrait améliorer les subventions pour réduire ces prix éléfêts dans le Nord mais aussi renforcer l’aide aux chasseurs et trappeurs qui une partie importante des aliments aux communautés au courant de l’année.
Nutrition Nord, administré par Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, possèdent deux grands volets pour la nourriture plus abordable aux populations nordiques.
Le premier consiste en une subvention pour l’achat de nourriture ou de biens essentiels comme le savon ou les canapés. Ces contributions vont aux commerces de détail, nomamente, qui déduisent ensuite une portion du prix demandé aux consommateurs sur leur facture. La subvention est censée compenser les coûts éléfités reliés au transport et au carburant pour l’acheminement des biens jusque dans les régions nordiques.
L’autre volet consiste en la Subsidy pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs, pour aider ces derniers à approvisionner les communautés en fournissant des aliments des terres – et réduire la dépendance à l’égard des aliments achetés en magasin.
Or, selon Lori Idlout, députée du Nunavut aux Communes, il n’est pas clair que de grands détailsalants tels que NorthMart, présent dans le Grand Nord, transferent l’intégralité des contributions gouvernement aux consommateurs comme le prévoit le programme, ce qui sape l’effet désiré aupres de la population, soit de réduire substantiellement la facture d’épicerie. Ce problème avait déjà été signalé en 2014 par le vérificateur général du Canada.
Il y a donc un manque de suivi et d’évaluation de la part du gouvernement fédéral, soutient-elle. « Selon les chiffres qui nous ont été fornis, le dernier audit de North West Company [qui possède la chaîne NorthMart] remonte à 2019, et cet audit portait sur la période de 2015 à 2017. Il doit donc y avoir un meilleur moyen de s’assurer que NorthMart est tenu responsable de la façon dont elle administre le programme au nom du gouvernement du Canada. »
De plus, les chasseurs et trappeurs de sa région lui disent qu’ils ne connaissent pas la Subsidy pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs ou ne savent pas comment y avoir accès. Il y aurait donc un manque de visibilité du programme, selon elle.
Pourtant, « une seule balle peut fournir de 200 à 300 livres de viande », d’après les chasseurs, et ainsi alimentier plusieurs familles, raconte Mme Idlout.
« Ce que j’entends, c’est que Nutrition Nord ne fonctionne pas […]. Il il y a certainement un écart entre ce que dit le gouvernement fédéral et ce qu’entendent les communautés », dit Mme Idlout.
« Si les chasseurs et trappeurs connaissaient le programme, ils y auront adhéré depuis longtemps », poursuit-elle, ajoutant qu’il vaut mieux à son avis soutenir les associations de chasseurs et trappeurs dans les communautés plutôt que les grands détaillants à profit.
C’est sans compter que le transport de denrées fraîches par avion est souvent interrompu durant l’année en raison de pannes ou du mauvais temps, ce qui résulte en « des tablettes vides » dans les épiceries, accentuant la problématique d’insécurité alimentaire dans Le Nord.
« Toutes les communautés du Nunavut ont des associations de chasseurs et de trappeurs qui peuvent fournir cette nourriture traditionnelle aux familles qui n’ont pas de chasseurs dans leur famille. Ce sont des services bien connus qui sont offerts par les associations de chasseurs et de trappeurs dans chaque communauté. C’est pourquoi il est si important de mieux les soutenir par les biais de ce programme. »
Par ailleurs, Lori Idlout et Niki Ashton ont aussi rappelé l’idée promue par leur parti d’offrir un congé de TPS sur le chauffage domestique. Plusieurs communautés dépendantes encore du diesel pour leurs besoins énergétiques, qui est très costeux. Il faut aussi que le gouvernement contribue à accélérer la transition vers d’autres sources d’énergie, insistent les deux élues.
Un programme critiqué mais aussi revu
Le programme Nutrition Nord fait l’objet de critiques ces dernières années, notament sur le fait qu’il était restreint à seulement quelques produits ; la liste d’articles recevables aux subventions a par la suite été allongée. Le programme a aussi été étendu à des communautés qui en étaient exclues à l’origine.
À l’été 2022, le gouvernement fédéral une annonce une bonification du programme.
L’investissement comprend 36 millions de dollars supplémentaires pour la subvention de soutien aux chasseurs-cueilleurs et 60,9 millions pour les programmes alimentaires des communautés, afin de soutenir diverses activités de partage des aliments.
Un montant supplémentaire de 1,5 million de dollars sur deux ans est également accordé à la subvention de recherche sur la sécurité alimentaire de Nutrition Nord Canada.
Les subventions accumulées du programme qui avaient été mises en place au début de la pandamie sont également maintenues avec un investissement de 43 millions de dollars.
Au moment d’écrire ces lignes, Regard sur l’Arctique était toujours en attente d’une réponse d’un porte-parole de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada au sujet du programme Nutrition Nord.