des protéines à consommer avec modération – Libération


Vantés comme indispensables au développement musculaire, les compléments alimentaires protéinés connaissant un engouement auprès des sportifs, y compris les amateurs. Mais ces produits, consommés à l’excès, ne sont pas sans risque pour la santé.

Qui se rend régie dans une salle de sport n’est pas surprise par les alignements de shakers. Ils contiennent un liquide laiteux, généralement au goût vanillé ou chocolaté, mais surtout ultra-protéiné, que les adeptes de la fonte ingurgitent en général pour récupérer ou dans l’optique de « prendre de la masse » musculature. « Je trouve ça atroce, mais je me force à en boire car j’ai un métabolisme qui fait que j’élimine tout ce que je mange », Guillaume explique, 26 ans, abonnement à trois à quatre séances hebdomadaires de muscu. C’est que les « prots », et nomamente la whey (protéine de lactosérum issue du petit-lait) popularisée par le culturisme, sont devenus ces dix dernières années le produit nutritionnel chéri de millions de sportifs.

Armée d’influenceurs

Elles sont généralement vendues sous forme de poudre, de gélules ou de barres dans les rayons dédiés à la nutrition sportive de n’importe quelle enseigne généraliste de sport ou dédiée au fitness, à côté des brûleurs de graisse et autres BCAA (acides aminés branchés) qui servent à stimuler la performance. Et elles sont au cœur d’une concurrence accrue entre des dizaines de fabricants (des ultraspécialistes comme MyProtein ou des géants de l’agroalimentaire comme Lactalis), qui rivalisent d’arguments marketing pour satisfaire toutes les demandes (protéines sans lactose, végétales, en France, ultra concentrées…). Ces produits protéinés représentent plus de 80 % du marché de la nutrition sportive, qui représente en France 152 millions d’euros en 2021, selon les estimations du cabinet d’études Xerfi.

Mais les vertus de ces compléments alimentaires, que vante aussi une armée d’influenceurs coachs sportifs, sont-elles fondes ? En 2016, un rapport de la Commission européenne sur les denrées alimentaires destinées aux sportifs notait que jusqu’à 40 % des produits mentionnaient sur leurs emballages des allégations non autorisées, du genre « les acides amines participent au maintien de la masse musculaire ». Certains peuvent aussi contenir des substances interdites (comme des anabolisants). Sans compter leur « étiquetage peu fiable » et une «qualité très variable»selon les tests effectués en 2018 par 60 millions de consommateurs. « Dans ce marché de la proteinine, il y a un peu tout et n’importe quoi, abonde le diététicien-nutritionniste du sport Nicolas Aubineau. Les gens consomment ces produits sans connaître leurs besoins réels.»

Carences et encrassement des rênes

Explications. Les produits protéinés séduisent parce qu’ils permettent de couvrir les forts besoins des sportifs, de haut niveau ou amateurs, en quête de gros muscles (sachant qu’un apport quotidien de 1,5 g à 2,5 g de protines par kilo est suffisant pour qu’ un adulte les développement) et qui n’y sont pas parvenus par l’alimentation. Elles sont par ailleurs très pratiques : facilement transportables et immédiatement consommables dans l’heure qui convient à l’effort durant lequel les nutriments sont assimilés plus rapidement. A ceci près que leurs bénéfices sont limités et leur surconsommation potentiellement avantageuse. « Un supplément au-dessus des besoins n’apporte rien de plus, à part la nécessité de boire davantage pour évacuer les déchets azotés des protéines », explique Axel Heulin, autre diététicien-nutritionniste du sport, créateur du site éducatif Nutripixi.

Un excès engendre le risque de développer des carences nutritionnelles ou certaines pathologies d’encrassement des reins. «On ne peut pas en consommer à l’infini sans sursolliciter la fonction rénale et se mettre en danger. Or, quand on ingère des poudres, il n’a pas conscience de ce qu’on consomme», insiste la professeure Irène Margaritis, adjointe au directeur d’évaluation des risques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Et c’est pour cela que les autorités de surveillance sanitaire déconseillent tous ces compléments (ainsi que ceux à base de caféine) aux personnes à risque, aux femmes enceintes et aux adolescents. Elles préconisent de donner la priorité à une alimentation à la hauteur des apports et diversifiée ainsi que d’être accompagnée par un professionnel de santé avant de consommer ces produits.



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