le Covid a provocé le coma de Barbara, prof de fitness en pleine santé


Elle veut insister : « ça n’arrive pas qu’aux autres ». La chef d’entreprise, qui dirige le COD (Corps on demand) un centre de remise en forme baso en centre-ville, s’est efforcée d’arrêter de gamberger. Pourquoi…

Elle veut insister : « ça n’arrive pas qu’aux autres ». La chef d’entreprise, qui dirige le COD (Corps on demand) un centre de remise en forme baso en centre-ville, s’est efforcée d’arrêter de gamberger. Pourquoi elle ? Il n’y a pas de réponse. Aucune analyse médicale n’est parvenue à expliquer la puissance du mal qui l’a balayée. Oui, elle était vaccinée. Et non, elle n’avait – a priori – « pas le profil ».

« J’étais tellement essoufflée, tellement faible. J’étais au bout. Je voulais juste que ça s’arrête. »

« On entend ce qu’on a envie d’entendre : que ce sont les obèses, les personnes âgées, celles avec des comorbidités qui craignent des formes graves. Je faisais comme tout le monde, rembobine-t-elle. Je pourrais m’inquiéter pour mes parents âgés ou pour mon frère qui fume comme un pompier, pas pour moi. J’avais une activité physique régulière et intensive. J’étais très actif. Je n’étais jamais malade. Je n’avais aucun problème de santé. »

« Pas bon du tout »

Pas de quoi s’alarmer donc lorsqu’elle l’attrape. Elle a de la fièvre, des maux de tête. Sa très forte toux l’empêche de dormir et de s’alimenter correctement, mais « ça allait à peu près. » Sept jours après son premier test positif son état ne s’améliore pas. Très faible, elle alerte le Samu qui lui demande d’attendre encore à l’isolement. Son médecin lui a prescrit des médicaments. Les jours passent et « c’est de pire en pire. J’étais dans un état second. Je n’avais plus la force de quoi que ce soit. »

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Si les hommes ont statistiquement plus de risque de souffrir d’une forme grave du Covid-19 et de mourir de la maladie, les femmes sérient quant à elles exposent davantage aux symptômes, durant la phase aiguë mais aussi sous forme de Covid longue. C’est le constat d’une étude menée par l’équipe de chercheurs dirigée par Giovanna Pelà de l’Université de Parme en Italie.

Inquiets, ses amis alertent SOS médecins. Son taux d’oxygène est anormalement bas. Elle est admise d’urgence en réanimation à l’hôpital de Bayonne. « L’équipe de soignants est fabuleuse mais c’est très dur d’arriver en réa, de se dire : « voilà j’en suis là. » » À ce moment, elle n’a pas conscience de la gravité de son état. « J’en étais à penser qu’ils allaient me requinquer et que ça irait ». Jusqu’à son scanner des poumons. « Autour de moi, les gens se mettent à s’agiter. Là, je comprends que ce n’est pas bon du tout. Ensuite tout est très flou… »

L’étincelle de vie en elle s’étiole. « J’étais tellement essoufflée, tellement faible. J’étais au bout. Je voulais juste que ça s’arrête », se remémore-t-elle. Elle le fait comprendre à l’infirmière qui la veille. Elle se souvient de « beaucoup d’humanité, d’empathie. » Sa voix se voile lorsqu’elle répète les mots du médecin qui lui prend la main : « Votre état ne se stabilise pas. On va vous endormir, vous vous réveillerez dans cette même chambre. » Elle s’endort « sans penser à rien. »

Réapprendre à respirer

Le coma dans lequel elle est plongée doit servir à amplifier l’effet des traitements. Les trois premiers jours sont critiques. Le 4e, son corps regagne du terrain sur le Coronavirus. Le 5e, elle se réveille intubée et entravée. Un cauchemar. « La sensation est horrible. Il y a ce tube dans la gorge qui vous repose à la machine. Vous ne pouvez pas parler, vous êtes attachée pour ne pas être tentée de l’arracher. Ça a duré quatre jours. C’est tellement long. Vous n’avez rien pour vous distraire. Vous en arrivez à compter les lignes du plafond. »

« Je refuse d'y penser en permanence.  Je refuse de vivre dans la terreur.  »
« Je refuse d’y penser en permanence. Je refuse de vivre dans la terreur. »

Bertrand Lapègue/COURT OUEST

Transférée en infectiologie, elle peut recommencer à s’alimenter, retrouver un peu d’autonomie et – enfin — reprendre contact avec ses proches par téléphone. Elle aura été positive au pendentif Covid-19 21 jours.

Le 6 décembre elle revient chez elle, sous oxygène, avec l’assistance d’une infirmière et d’un kiné. Le combat est loin d’être achevé. Ses poumons guérissent mais le moindre effort l’essouffle encore aujourd’hui. Certains jours, elle doit rester alitée. « Je suis très fatigable, j’ai des problèmes de concentration et d’attention, des pertes de cheveux, des terreurs nocturnes. »

« J’en suis à souffler avec une paille dans un verre pour faire des bulles… Au début, je n’y arrive pas »

Les séances de kiné restent quotidiennes. L’athlète d’hier y travaille dur. « Je réapprends à respirer. J’en suis à souffler avec une paille dans un verre pour faire des bulles… Au début, je n’y arrive pas », soupire-t-elle. Reprendre son activité professionnelle dans ces conditions reste inenvisageable. Pour l’heure, deux coachs sportifs assurent les prestations de son centre de remise en forme.

Oh mental

Un temps, elle s’est escrimée à vouloir comprendre ce qui demeure inexplicable pour le corps médical. Elle s’est rapprochée de « Après J20, association Covid long France », a trouvé du réconfort dans les échanges nourris avec d’autres malades mais pas de réponse. « Les profils sont très divers, il n’y a aucune règle. Des gens ont eu un Covid sévére et s’en sortent bien, d’autres avec une version plus légère sont bien plus mal que moi. »

Il ya quelques mois, j’étais en train de creuser ma tombe. Maintenant, j’attire tous les moments de plaisirs

Barbara Lyon a finalement ressenti le besoin de faire un pas de côté. Elle refuse de se laisser envahir par le pessimisme. « Beaucoup se plaignent et n’arrivent pas à en sortir. Il fallait que je dépasse ça pour avancer. Je ne veux plus être malade. Je suis en vie. »

Elle puise dans son mental d’athlète pour retrouver la maîtrise d’un corps forgé par des décennaux de pratique sportive, regagne du souffle pas à pas. Elle a repris une vie sociale, ne dédaigne pas un resto avec ses amis, un thé en terrasse. Elle tente de laisser glisser sur elle les « tu l’as eu parce que… parce que ci ou parce que ça… J’ai entendu tout et n’importe quoi. Faute d’explication rationnelle, face à moi, les gens essaient de se rassurer avec de petites choses. »



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