une solution pour lutter contre l’hyperphagie ?


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    Conférence 3 min.

    en collaboration avec

    Dr Marc Lévêque (Neurochirurgie – Douleur)

    Des scientifiques ont publié les résultats d’un essai clinique concernant deux patients souffrant d’hyperphagie boulimique, avec perte de contrôle. Les deux femmes ont été perçues par l’implantation d’un dispositif au cœur de leur cerveau. Explications.

    Dans le cadre d’un essai clinique pilote deux patients ont été greffées d’un petit appareil qui détecte l’activité cérébrale liée à l’envie de manger dans une région clé de leur cerveau. Il leur a été placé chirurgicalement sous le cuir chevelu, avec des fils traversant le crâne jusqu’au noyau accumbens dans chaque hémisphère du cerveau (ce noyau joue un rôle central dans le circuit de récompense).

    TCA : pendentif deux femmes études 6 mois

    Les deux patientes choisies pour expérimenter cet implant sont Robyn Baldwin, 58 ans, et Lena Tolly, 48 ans. Les deux patientes, qui présentent une obésité, souffrent d’hyperphagie boulimique avec perte de contrôle. Cela signifie qu’elles font régiute des crises où elles vont avaler d’énormes quantités de nourriture, mais sans se faire vomir après. Cette pathologie appartient à la famille des troubles du comportement alimentaire, également appelés TCA. Les deux femmes expliquent également avoir tenté plusieurs régimes et être passés par une chirurgie bariatrique pour perdre du poids, sans succès.

    Les auteurs de cette étude ont donc équipé les deux patients avec ces dispositifs de stimulation cérébrale profonde et ont enregistré les signaux émis par les appareils pendant six mois.

    Elles ont ensuite été suivies parfois en laboratoire et soumises à des tests – avec présentation de buffets composés de leurs aliments préférés – mais elles étaient aussi très souvent chez elles. Les chercheurs ont ainsi pu filmer les épisodes d’hyperphagie boulimique des deux femmes en laboratoire et dans la vie quotidienne des deux patientes.

    Hyperphagie : une activité dans le noyau accumbens

    Les scientifiques ont observé qu’un signal distinctif à basse fréquence dans le noyau accumulé apparaissait dans les secondes précédant les premières bouchées des patients. Le noyau accumbens est impliqué dans le traitement du plaisir et de la récompense, et a été implicite dans la dépendance.

    A chaque fois que l’appareil a détecté des signaux du noyau accumbens, il a automatiquement stimulé cette région du cerveau, perturbant ainsi les signaux liés aux fringales. Au cours des six mois de traitement, les patientes ont rapporté beaucoup moins d’épisodes de frénésie et ont perdu du poids – près de six kilos chacunes.

    Stimulation cérébrale profonde : d’autres recherches nécessaires

    Les auteurs de ce travail, chercheurs de la Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie, ont publié leurs conclusions dans la revue Nature. S’il semble que l’activation du noyau accumbens prédit les fringales, comme les scientifiques l’ont démantèle en 2018 chez la souris, ils ne veulent pas tirer de conclusion hâtive et veulent encore suivre les deux patientes avant de tenter d’implanter quatre nouvelles personnes.

    « Il s’agitait d’une première étude de compétence dans laquelle nous évaluions principalement la sécurité, mais les avantages cliniques solides que ces patients nous ont rapportés sont certainement impressionnants et passionnés » a déclaré l’auteur principal de l’étude Casey Halpern, professeur agrégé de neurochirurgie et chef de Neurochirurgie stéréotaxique et fonctionnelle à Penn Medicine.

    L’avis du Dr Marc Lévêque, neurochirurgien et membre du comité d’experts de Doctissimo

    « Ce type d’étude peut effectivement donner des résultats positifs. Il existe en effet une épidémie d’obésité aux Etats-Unis, notament liée aux troubles du comportement alimentaire et il est important d’exploiter toutes les pistes pour tenter d’y traiter En ciblant le noyau accumbens, il joue sur le « circuit de la récompense ». Cela me rappelle une étude réalisée il y a quelques années par une équipe chinoise sur quatre jeunes filles anorexiques. Les auteurs ont stimulé leur noyau accumbens, et ils ont obtenu une rémission de ces quatre cas. Idem chez un patient alcoolique, qui après stimulation de cette structure cérébrale, a vu sa consommation d’alcool diminuer drastiquement. Le patient rapportait surtout « ne plus avoir envie de boire ». Mais des résultats à grande échelle de ce type de réussite ne sont pas encore disponibles pour le moment ».



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