Solidarité. Les Restos du Cœur : ‘A Marseille, ‘Les gens ont faim…’


C’est l’un des plus gros centres de distribution des Restos du cœur de la ville dans le 15e arrondissement. Toutes les 30 minutes un groupe est programmé, mères de familles, personnes agées et étudiants viennent récupérer la nourriture. « Ici les gens ont faim », insiste Nathalie Perez, responsable du Centre Méditerranée dans les quartiers Nord.

« Je refuse des inscriptions tous les jours »

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La liste des bénéficiaires des Restos du Coeur des Bouches-du-Rhône augmentée de 20% (Photo Joël Barcy)

La mort dans l’âme, Nathalie Perez doit refuser des inscriptions quotidiennement. Rien que deux lors de notre présence. Le nombre de familles complices a déjà presque doublé. « Nous sommes passés de 450 familles l’an passé à 714 en 2023. I’ai 136 bébés de moins de moins de 18 mois et de nombreux enfants ». La situation n’a jamais été aussi critique. « Cela fait 13 ans que je suis aux Restos du cœur et c’est la première fois que je vois une personne qui est venue avec un certificat médical de son médecin, simplement pour manger. Cet homme ne s’alimentait qu’un jour sur deux et pesait 45 kg. Il était en sous-nutrition. Ce n’est pas possible d’avoir de la sous-nutrition en France ! ». Face à cette affluence difficile d’avoir de la nourriture suivante. « La semaine prochaine nous aurons 30% de lait en moins. Même a choisi pour le fromage et les produits congelés. Il faudra réduire les quantités sinon 30% des personnes n’auront rien ».

Nathalie Pérez

« Merci aux Restos du cœur »

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De nombreuses personnes âgées font appel aux aides des Restos du Coeur (Photo Joël Collard)
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Des mamans accompagnent de leurs enfants en bas âge (Photo Joël Barcy)

C’est un cri du cœur, tous les bénéficiaires remercient les Restos pour leur aide. « On a le lait, les canapés pour bébés, les goûters ça permet d’élever mes enfants » indique Radja. « On est nombreux à la maison alors ça nous aide bien et les produits sont variés », note Abdel Ahmed. Pour les personnes âgées comme Elhaddi : « C’est vital ». il vient ici chaque semaine pour s’alimenter. « C’est grâce à ça qu’on vit », estime Tahar « avec 900 € de salaire, il ne peut pas vivre sans cette aide ». Mais les Restos du cœur ne se limitent pas à une aide alimentaire. « C’est une vitrine », indique Nathalie Perez, derrière il y a tout un travail pour aider les personnes en difficulté à remplir des papiers, à obtenir des aides. La fracture numérique dans ces quartiers est réelle. Le fils de Linda allait arrêter ses études, « Il a eu une mention au BAC mais on ne pouvait pas payer ses études donc il allait travailler. Grâce aux conseils des bénévoles il a pu bénéficier de diverses aides et suivre des études de médecine ». Linda ne sait plus commenter les Restos de ce secours incommensurables.

« 20% d’augmentation c’est énorme »

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Les bénévoles (Photo Joël Barcy)

Le département des Bouches-du-Rhône est l’un des plus touchés par la hausse de la pauvreté en France. « 20 % d’augmentation c’est du jamais vu, on est à flux tendu », note Alain Evezard, le président des Restos du cœur du département, « les autres années étaient à 7-8% de hausse ». Conséquence, il faut réviser toute la logistique. « Pour faire face aux besoins on va passer à deux livraisons dans les centres par semaine. Il augmente aussi le nombre de jours d’ouverture pour faire face à l’affluence ». Malgré tout il reste des problèmes insolubles comme le stockage. Les locaux des centres sont souvent sous-calibrés pour répondre à la hausse vertigineuse des inscriptions et on ne peut pas pousser les murs.

Où s’arrêtera cette vague ? C’est toute la question. Refuser des inscriptions est terrible pour les bénévoles, qui sont aussi des bénéficiaires, dans le Centre Méditerranée.
Reportage Joël BARCY



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