Néophobie alimentaire chez l’enfant : on vous dit tout


Votre enfant ne jure que par les pâtes ou les frites et refuse obstinément les aliments nouveaux que vous lui proposez ? Il souffre peut-être de néophobie alimentaire. Découvrez toutes les astuces pour passer au travers de la phase de néophobie alimentaire sans déclarer la guerre à table !

Vous avez beau insister, vous énerver, menacer, gronder : votre enfant s’entête ! Il grimace devant son assiette de haricots verts, boude devant son flétan et sanctionne votre plat de tomates farcies d’un « j’en veux pas, j’aime pas ça« .

Une situation fréquente puisque 78 % des enfants de 2 à 7 ans, avec un pic à l’âge de 3 ans1, traverse un épisode de « néophobie alimentaire », un phénomène qui consiste à refuser tout nouvel aliment pour privilégier les produits qu’ils connaissent bien (les pâtes, le riz, les frites, le steak haché…), jugés plus rassurants. Cette situation n’est d’ailleurs pas propre à l’espèce humaine : certains animaux, comme les singes et les oiseaux en passent également par là !

Qu’est-ce que la néophobie alimentaire ?

C’est un stade déroutant du développement de l’enfant qui consiste à rejeter tous les aliments nouvellement introduits dans son alimentation ou même prêts de façon différente. Par exemple, si votre petit apprècie les carottes râpées, il peut malgré tout développer une néophobie devant ces mêmes carottes cuisinées sous forme de purée ou cuites en rondelles. Cette peur des nouveaux aliments est particulière handicapante et souvent source d’angoisse pour les parents.

Le terme néophobie vient de « neo », nouveau, et de « phobie », la peur, et se traduit par une peur et/ou un rejet des nouveaux aliments.

« Il même parfois de rajouter un brin de persil sur un plat pourtant bien connu de l’enfant pour suffire que celui-ci le prévenant comme nouveau et ferme ostensiblement la bouche lorsque vous approchez la cuillère ! »précie Raphaël Gruman, diététicien-nutritionniste.

Chez certains, la néophobie peut aussi se manifester en fonction de la couleur des aliments : certains ne voudront consommer que ceux de couleur blanche, comme le riz, les pâtes, le poulet… et refuseront tout ce qui est vert tels que les haricots, la salade, les légumes verts et les petit-pois, comme s’ils en avaient peur. « Il existe toutefois plusieurs niveaux dans la néophobie alimentaire car si certains enfants s’obstineront à ne pas vouloir y goûter du tout, voire même à recracher l’aliment si le parent est parvenu à l’introduire dans la bouche, certains, plus aventureux , Beginont par triturer l’aliment, le retourner en tous les sens, le sentir… avant d’accepter d’en manger une toute petite partie », indique Raphaël Gruman. Si cette attitude est certes particulière désagréable, elle n’est en rien dirigée contre vous et ne doit pas être confondue avec un caprice (chantage, prise de pouvoir): il s’agit d’un mécanisme adaptatif, une protection vis-à- vis d’une éventuelle favorable, et donc une peur.

Pour résumer, la néophobie alimentaire est la réticence et/ou le rejet et/ou la peur à manger des aliments nouveaux, qui va se traduire par une différence de comportement de l’enfant face à l’alimentation. Il va alors passer plus de temps à observer, triturer, sentir la nourriture, voire la refuser catégoriquement.

Il y a plusieurs niveaux d’intensité de néophobie alimentaire : certains enfants présentent une réticence à goûter de nouveaux aliments, et ce dès l’âge de 6 mois. Mais la néophobie alimentaire chez le bébé est assez rare. Cependant, la période des 18-24 mois est plus concernée par la néophobie alimentaire. Par exemple, il va tourner la tête si la cuillère s’approche ou fermer la bouche, voire pousser et jeter l’assiette.

  • La néophobie de degré 0 se manifeste par une réticence à manger, il parle de néophobie flexible. L’enfant semble hésiter à manger, ou va goûter du bout des lèvres avant de refuser.
  • La néophobie rigide se manifeste par le refus total de tout aliment nouveau.
  • Il y a enfin l’hyper sélectivité alimentaire, où l’enfant mange très peu d’aliments. En raison des dangers pour sa santé, la consultation avec un médecin en cas d’hyper sélectivité est un indispensable pour trouver des solutions et éviter les carences.

Quelles attitudes adopter face à la néophobie alimentaire ?

Déjà, première bonne nouvelle, la néophobie est un stade de développement normal de l’enfant et ne constitue en rien un trouble du développement. Seconde bonne nouvelle, cette période ne dure que quelques semaines, quelques mois tout au plus. En attendant que tout rentre dans l’ordre, voici quelques conseils pour que les repas se déroulent au mieux.

Inutile de le forcer

« Les études monestar que ce comportement renforcent plutôt l’aversion pour les aliments refusésexplique l’expert. Acceptez le refus sans vous vexer, ni vous fâcher et ni faire de blackage tel que « si tu en manges un peu, tu auras droit à du chocolat en dessert » ».

Incitez-le plutôt à s’exprimer sur ses goûts : « Pourquoi n’as-tu pas aimé : est-ce trop salé, trop fort, trop amer… ? Et ces légumes, qu’en penses-tu ?« . Une attitude qui le responsabilise et vous permettà de proposer différemment l’aliment. S’il ne veut toujours pas goûter, continuez le repas comme si de rien n’était sans chercher à lui proposer autre chose, en remplacement. En revanche, l’enfant doit tout de même avoir son laitage et son fruit en fin de repas, car il ne faut pas qu’il se sente puni.

Il faut insister… en douceur

Ne baissez pas les bras ! Les études du Dr. Andréa Maier, nutritionniste experte en développement du goût, a révélé que l’exposition répétée d’un enfant à un aliment jusque-là refusée permettit de vaincre ses réticences et de le faire accepter. Après trois essais, 10 % des enfants en mangent sans rechigner, après huit tentatives, ils sont à 75 % ! Alors retentez l’expérience… mais avec créativité. Le poisson pourra être plus appréciable en papillote, en crumble, en quiche, et la viande présenté en petites boulettes à piquer ou en bolognaise. Il n’aime pas le yaourt ? Peut être acceptera-t-il de consommer un petit-suisse ou un fromage blanc sucré avec un coulis de fruits rouges, une cuillérée à café de miel ou de sirop d’agave, ou encore préparé sous la forme d’une panna cotta.

Utiliser l’imitation

L’enfant sera d’autant plus tenté de goûter au plat s’il voit que tout le monde en mange. S’il voit ses parents, ses copains, ses frères et sœurs le consommer avec plaisir, il sera plus tenté de faire pareil et sa peur diminuera.

Les laisser explorer la nourriture

On dit souvent aux enfants de ne pas jouer avec la nourriture… Au contraire, il ne faut pas hésiter à les laisser explorer ce nouveau plat : touiller les aliments, les sentir… d’autant plus si, au final, il accepte d’en porter une partie à sa bouche. Et après tout, ne faisons-nous pas de même lorsque l’on nous présente un nouveau plat, en demandant quels sont les ingrédients qu’il contient et en n’en goutant qu’un petit bout, parfois même avec un morceau de pain ?

La présentation, ça compte aussi

Parce qu’un plat se « goûte » d’abord avec les yeux, pensez également à bien présenter son assiette. Par exemple, autour de 2 œufs au plat, disposer des haricots verts en guise de cheveux, deux rondelles de tomates pour les oreilles, un bâtonnet de carotte pour la bouche et parfois, quelques feuilles de salade pour faire une barbe peut aider l’enfant à goûter, sans cris ni larmes. Quelques tomates cerises, des rondelles de concombre et des brins de ciboulette peuvent également donner lieu à un jeu de morpion gourmand.

Le faire participer à la préparation du repas

Selon une étude Interfel, 29% des enfants disent que cuisiner avec leurs parents leur donnent envie de manger ! Alors, dès 4-5 ans, vous pouvez leur donner quelques tâches simples à effectuer comme mélanger les ingrédients avec la cuillère en bois, verser les aliments dans les saladiers, beurrer un moule…

Diversifier l’alimentation… in utero

Des études ont montré que, lors de la grossesse, exposaient le fœtus à divers composés aromatiques développaient en partie son goût. Ainsi, à l’âge de la diversification alimentaire, les aliments déjà rencontrés in utero, seront mieux acceptés2.

Pour en savoir plus sur les astuces à adopter pour aider son enfant à manger de tout, nous vous recommandons le livre : J’aide mon enfant à manger de tout, aux éditions Hatier.

Quand faut-il s’inquiéter ?

« Si cette période se poursuit si longtemps qu’elle en vient à impacter la croissance de l’enfant ou que-ci perd du poids, regarde son pédiatre. Au besoin, celui-ci pourra vous orienter vers un nutritionniste spécialiste de la petite enfance qui s’assurera qu’aucun trouble alimentaire ne se cache derrière la néophobie », recommande Raphaël Gruman.

La néophobie alimentaire chez le bébé est cependant plus inquiétante, puisque’à cet âge, il est encore nourrit principalement au lait matériel ou infantile, et n’est qu’à ses débuts des introductions alimentaires. Il est dans ce cas préférable de suivre attentivement sa courbe de poids et de veiller à ce qu’il n’ait aucune lacune.



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