Monodiète, jeune, coach en nutrition… Le coup de gueule des diététiciennes du Lot contre les régimes miracles


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À l’heure des repas de réveillons et des bonnes résolutions, trois diététiciennes du Lot dénoncent les dérives de régimes alimentaires proposées par des personnes non-diplômées. Une question de santé publique et de bon sens selon elles.

Elles tapent du poing sur la table entre les deux réveillons de fin d’année. Trop c’est trop.  » Nous avons connaisseur ces derniers mois, une montée en puissance des régimes dit miracles, des poudres protéinées vendues par des soi-disant coachs en nutrition sur des marchés de Noël, des régimes loufoques sur les réseaux sociaux qui conseillent par exemple de ne pas manger au cours du même repas des glucides et des lipides, des monodiètes, des jeûnes… », énumère Fanny Blanchou-Lasbouygues, diététicienne à Puy-L’Evêque, Gourdon et Cahors. « Un jour, j’ai reçu une patiente assez âgée qui n’aimait pas la viande et le poisson, une naturopathe lui avait conseillé de bannir les produits laitiers, elle est arrivée dans mon cabinet à la limite de la dénutrition. Un autre jour c’est une dame à qui un coach en nutrition avait conseillé de manger 400 grammes de viande à tous les repas, c’est aberrant », s’alarme Caroline Demarty, diététicienne à Cahors. Autre exemple chez Céline Massip, diététicienne à Lamagdelaine et Pradines :  » Moi j’ai eu une patiente qui ne jurait que par le petit-déjeuner Miam-ô-fruit, une banane écrasée et mellège à de l’huile végétale, cela n’ un aucun sens ». Chez les trois spécialistes, les déçus des régimes se bousculent : chacune traite une centaine de dossiers par mois. Rien que ça.

Problème selon elles : en plus d’être une concurrence déloyale, ces pratiques sont dangereuses pour les patients. « Ils peuvent souffrir de carences, de problèmes digestifs, de pertes de cheveux, ils diabolisent certains aliments, se culpabilisent, s’éloignent du bon sens et donc psychologiquement ils sont complètement perdus », reprend Fanny Blanchou-Lasbouygues. Les trois diététiciennes veulent aujourd’hui que leur message soit entendu par les pouvoirs publics : c’est une question de santé publique. « Ces vendeurs de rêve ont fait de l’alimentation un réel business car les gens ont besoin de rêver. Mais c’est très utile : ils generent des croyances alimentaires absurdes », poursuit Caroline Demarty.

100 patients tous les mois

Et les consommateurs qui veulent perdre du poids déboursent des sommes folles. Les trois diététiciennes en libéral sont des professionnelles et elles comptent bien le dire : « On a toutes un BTS dietétique avec au moins, deux années d’étude, 300 heures de formation en connaissance des aliments, un diplôme reconnu par l’Etat et la profession alors que les coachs en nutrition n’ont aucune légitimité ». De la poudre aux yeux donc.

 » Personne n’a de baguette magique. Chez nous, les patients sont directement envoyés par les médecins généralistes. Nous avons une approche à la fois globale et personnalisée des patients, certains ont un cancer, d’autres sont diabétiques, nous devons tenir compte des pathologies pour leur apprendre à bien manger », glisse Céline Massip. Pas question de peser les aliments et d’avoir les yeux rivés sur la balance. « Il y a une obsession de la perte de poids qui devient maladive, il faut retrouver un objectif de bien-être », ajoute-t-elle. Les spécialistes demandent un « statut juridique renforcé » et un meilleur encadrement de ces pratiques. « La vente, au moins, de ces produits miracles devrait être interdite mais la législation reste bien trop floue », regrette Céline Massip.



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