L’Insep, une cantine de haut niveau


Les Jeux de Paris 2024 se préparent aussi à table. À l’Insep, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, il prend l’assiette très au sérieux. Pour tenir une forme olympique aux prochains jeux, les 800 sportifs de ce centre d’excellence bénéficient du fruit de longues années de développement.

Il faut dire que la France revient de loin dans la préparation de ses athlètes. Après la débâcle des Jeux Olympiques de Rome en 1960, où la délégation tricolore ne récolta que cinq médailles, deux en argent et trois de bronze, le général de Gaulle voulut donner au sport français les moyens de ses ambitions. Cinq ans plus tard, la halle Joseph-Maigrot – plus grande salle omnisports d’Europe – était inopérante dans ce qui deviendra en 1975, l’Insep.

« Nous perdrons des accompagnements plus des spécificités pour les athlètes susceptibles de récolter une médaille »

Ève Tiollier, responsable de la mission nutrition

Le site de 28 hectares planté dans le bois de Vincennes s’est ensuite doté d’un nutritionniste et d’un médecin endocrinologue. En 2011, l’institut a lancé une mission « nutrition » avec des projets de recherche doctorale. Au fil du temps, le département s’est étoffé et aujourd’hui, le pôle Performance est devenu un pôle d’excellence doté d’un laboratoire sport, expertise et performance.

« Grâce au laboratoire de recherches, nous nous appuyons sur différentes mesures pour l’analyse et l’optimisation de la performance sportive de haut niveau », constate Ève Tiollier, chercheuse en physiologie de la performance sportive et responsable de la mission nutrition. « Nous accompagnons les 800 sportifs des 19 pôles de l’Insep avec des degrés d’intervention différents. Nous avons également beaucoup de demandes en dehors de l’Insep. Dans nos critères d’accompagnement extérieurs, il y a le degré de « médaillabilité ». Ce sont des accompagnements plus étroits et plus spécifiques que nous proposons aux athlètes susceptibles de récolter une médaille », poursuit-elle.

Pour guider en amont les sportifs, l’Insep a installé un imppresseur laboratoire truffé de drôles de machines. Le mais? Travailler l’hydratation et le besoin énergétique. « Quelques années Depuis qu’a émergé la notion de REDS (Déficit énergétique relatif dans le sport), le déficit énergétique chronique chez les athlètes. Nous mesurons donc sous bulle les échanges gazeux pour cibler les dépenses caloriques au repos de chacun des athlètes. Ce n’est pas parce que l’état pondéral est stable que le corps a suffisamment d’énergie », remarque Ève Tiollier.

Grâce à une batterie de tests, dont la mesure sous bulle des échanges gazeux, les athlètes voient composer leur régime alimentaire adapté à leur discipline et à leurs échéances.  (Charlotte Robin/L'Equipe)

Grâce à une batterie de tests, dont la mesure sous bulle des échanges gazeux, les athlètes voient composer leur régime alimentaire adapté à leur discipline et à leurs échéances. (Charlotte Robin/L’Equipe)

L’autre grand axe, c’est l’hydratation. « Tous les athlètes savent combien il est important de bien s’hydrater, et, pourtant, ce n’est pas toujours le cas. » Grâce à une batterie d’appareils : chambre climatique, osmomètre, réfractomètre…, l’équipe mesure l’état d’hydratation (urine, concentration d’électrolytes et de sodium dans la seur…). « Nous nous rendons compte que pour la même dépense physique nous avons des résultats qui varient de 1 à 3. »

L’ensemble de ces pertes peut être compensé par l’alimentation. Mieux manger pour être plus performant. Le pôle a donc édité des fiches nutrition qui se déclinent selon les besoins de l’athlète construits sur le modèle suivant : construire, réparer, provisionner, protecter. Prise de muscle, aminissement, collation plaisir, collation après l’effort, périodisation des glucides…

À chaque demande spécifique, Valentin Lacroix, nutritionniste à l’Insep, adapte l’alimentation : « Si le sportif a besoin de prendre de la masse musculaire, nous augmentons ses apports protéinés. S’il a beaucoup de charges d’entraînement, nous augmentons les apports en glucides. Chez nous, le mot régime n’existe pas. »

« Ce qui nous apporte vers le plateau idéal de l’Insep, composé d’un tiers de protéines, un tiers de légumes et un tiers de féculents et des super aliments qu’on peut ajouter », abonde Valentin Lacroix. Depuis son bureau avec vue plongeante sur la spectaculaire halle Maigrot, Océane Poulizac, diététicienne-nutritionniste reçoit les athlètes au cours de consultations. « Nous devons connaître les spécificités de chaque discipline, les formats des compétitions… »

« On intégré avec l’athlète une routine alimentaire avec des quantités adaptantes aux entraînements, aux compétitions… »

Océane Poulizac, diététicienne-nutritionniste

Le mode opératoire ? « Il commence par un point général sur les habitudes de l’athlète, son mode de vie, ce qu’il met en place au niveau de sa nutrition avant de construire ensemble une routine alimentaire avec des quantités adaptées aux entraînements, aux compétitions.. Nous ne sommes pas dans la restriction », poursuit Océane Poulizac.

« On fait une discipline qui produit de l’acidose. La digestion après l’effort est plus compliquée. On m’a recommandé le jus de raisin », confie Lucas Mathonat. Médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Tokyo aux caôtes de l’athlete malvoyant Trésor Makunda, il voulait au début perdre « un peu de masse grasse ».

Ève Tiollier, responsable de la mission nutrition, accompagne 800 sportifs venant des 19 pôles de l'Insep.  (Charlotte Robin/L'Equipe)

Ève Tiollier, responsable de la mission nutrition, accompagne 800 sportifs venant des 19 pôles de l’Insep. (Charlotte Robin/L’Equipe)

Et Océane Poulizac de pouvoir, « notre objectif est que l’athlète tende vers l’autonomie, lui donner les clefs, pour qu’il puisse adapter son alimentation en fonction de ses besoins et de ses échéances ». « Il faut trouver un équilibre entre le plaisir et rester sérieux, ce n’est pas que pâtes, courgettes et poulet », confirme Joachim Berland, coureur sur 400 m et guide de Trésor Makunda. Car la cantine répond à ce cahier des charges mis au point par le pôle Nutrition.



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