L’Union européenne devrait renoncer aux débats « dépassés » sur l’étiquetage sur le devant des emballages au profit des solutions technologiques sur mesure pour assurer l’avenir de la nutrition, selon les experts présents à une récente table ronde. Cependant, les critiques indiciaires que les solutions technologiques sur mesure ne privilégient que les plus riches de la société.
La Commission européenne devrait présenter sa proposition de système d’étiquetage nutritionnel à l’échelle européenne au début de l’année 2023.
Le système d’étiquetage nutritionnel qui est actuellement le plus susceptible d’être utilisé est le Nutriscore, un système mis en place par la France d’un code couleur (du vert au rouge) composé de cinq lettres (de A à E). Ce système a causé la controverse, notamment parmi les partis prétendants du Sud de l’Europe, qui a estimé que le Nutriscore défavorise le régime méditerranéen.
Cependant, pour Pietro Paganini, cofondateur du groupe de réflexion européen Competere, ce débat est inutile. Les efforts doivent être concentrés sur les évolutions technologiques et les régimes personnalisés plutôt que sur les « vieux systèmes dépassés » tels que l’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages, selon M. Paganini.
« Nous continuons à dire que le problème est la nourriture, [mais] le problème est notre façon de manger. C’est pourquoi nous avons besoin de plus de sensibilisation et de systèmes qui répondent réalimentent à notre mode de vie »at-il souligné lors d’une table ronde organisée ce mardi (29 novembre).
« La technologie est présente et la technologie nous indicera exactement ce qui nous manque au cours de la journée et ce que nous devons manger »at-il indiqué et a donné des exemples de dispositifs portables tels que les montres connectées.
Ces dispositifs peuvent présenter des suggestions alimentaires adaptantes à une personne donnée en fonction, par exemple, de son âge ou de son genre, ou offrir même des recommandations basées sur ce que cette personne a déjà mangé au cours de la journée.
« L’intelligence artificielle sait exactement quelles activités vous avez faites, combien de calories vous avez consommées [et] combien vous allez en consommer »at-il ajouté.
Par exemple, la montre connectée pourrait indiquer votre taux de glycémie, at-il explicable.
M. Paganini a souligné que la recherche génétique et la science dans le domaine « évoluer rapidement » vers des régimes personnalisés, mais il a averti que l’UE risquait de rater le coche.
« Soit nous acceptons ce défi, soit d’autres le font et [ainsi] envahiront l’Europe avec des applications logicielles, des technologies qui utiliseront nos données de santé »at-il averti et a donné l’exemple de la Chine, des États-Unis ou d’Israël.
Ramon Estruch Riba, professeur associé du département de Médecine à l’Université de Barcelone, a lui aussi appelé l’UE à être encore plus ambitieuse en matière d’alimentation personnalisée.
« Chaque individu doit choisir [sa] propre alimentation et doit être sensibilisé, c’est la clé »at-il indiqué.
Pourtant, tout le monde ne croit pas au concept de l’intelligence artificielle comme solution à la crise alimentaire en Europe.
« Vous parlez de genres de fiction qui ne sont pas intéressants», a indicé l’eurodéputée Véronique Trillet-Lenoir, comparant cette technologie à « Grand frère « .
L’eurodéputée a déploré le fait que l’intelligence artificielle et les dispositifs connectés soient un « sujet de richesse ». Selon elle, le débat devrait plutôt se focaliser sur la santé des « vraies personnes au supermarché. »
« Les personnes défavorisées [et] les personnes qui ne sont pas sensibilisées à ces questions ne disposeront pas d’un accès[à ces dispositifs]»at-elle averti, en défendant avec force la nécessité d’avoir un avertissement nutritionnel harmonisé et obligatori en Europe.
L’eurodéputée du Groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) Michele Rivasi a également soutenu le Nutriscore, indiquant que, selon la recherche, les consommateurs comprennent facilement ces systèmes d’avertissement et qu’ils produisent des résultats positifs, tels qu’une réduction de l’obésité et des maladies cardiovasculaires.
« Nous avons besoin d’un étiquetage permettant aux consommateurs de faire un choix rapide au supermarché », indicé l’eurodéputée française. Elle a aussi soutenu que les gens n’ont pas le temps de lire l’étiquetage nutritionnel.
De son côté, Camille Perrin de l’organisation de consommateurs BEUC a également réservé des critiques à ce propos. Elle un tweeté qu’il est intéressant de voir que « tous ceux qui critiquent le caractère trop directif et autoritaire de Nutriscore étaient un tweet qui suggérait qu’un réfrigérateur connecté équipé d’une IA devrait me dire ce que je peux manger ou non » .
Cet article fait suite au débat politique organisé par EURACTIV« Réforme de l’étiquetage sur le devant de l’emballage : est-il adapté à l’avenir ? »soutenu par Competere.