l’eau du robinet est-elle sans danger pour la santé?


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    Des métabolites, des molécules issues de l’égradation des pesticides dans les sols, finissent dans les nappes phréatiques et dans l’eau du robinet de 20 % des Français, à des seuils supérieurs aux critères de conformité. Faut-il s’inquiéter de ces chiffres ? Connaître l’impact de ces résidus sur la santé ? Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures, nous répond.

    « La question des métabolites présents dans l’eau du robinet n’est pas une information nouvelle » débute tout d’abord Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures. « Nous savons qu’il existe des métabolites, issus de la dégradation des pesticides dans les sols, qui sont solubles dans l’eau. Ils finissent donc dans les nappes phréatiques et par la suite dans l’eau du robinet ».

    D’après les chiffres de nos confrères du Mondeen 2021, « environ 20 % des Français de métropole – quelque 12 millions de personnes – ont reçu au robinet, régiute ou épisodiquement, une eau non conforme aux critères de qualité« .

    Des normes pas toujours respectées

    Le problème concernant ces résidus de pesticides est double. D’une part, « les autorités ne demandent aucune étude importante de chronique même lorsque les données de surveillance sur le terrain montrent des dépassements, parfois, et surtout régulières des valeurs limites régulatives » selon Générations futures.

    Plus inquiétant, « ces métabolites sont peu d’études, les données de efficaces sur ces métabolites sont donc très peu nombreuses et leurs conséquences sur la santé à long terme sont à l’heure actuelle inconnues » indique Pauline Cervan.

    D’autre part, « il existe une quarantaine de métabolites actuellement annulés »selon le toxicologue »mais l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire, n’a pu chiffrer une valeur sanitaire maximale (Vmax) pour une vingtaine d’entre eux seulement » ajouter le spécialiste.

    En clair : la moitié des métabolites pouvant être présents dans l’eau du robinet ne sont pas suffisamment connus pour qu’une valeur sanitaire maximale tolérable puisse être établie.

    De l’eau qui reste potable

    « La norme réglementaire en ce qui concerne les métabolites, pour qu’une eau soit considérée comme potable est fixée à 1 microgramme par litre. Mais attention cela qualifie simplement la conformité de l’eau, il ne s’agit pas d’une valeur sanitaire » précis encore la toxicologue.

    Une teneur en métabolites supérieure à 0,1 µg/L est jugée non conforme aux exigences de qualité, mais la consommation de l’eau n’est pas automatique interdite, même si le principe de précaution doit entrer en jeu.

    Que dit la régulation en la matière ? « Pour déterminer les normes sanitaires des métabolites, l’Anses a dû les classer en métabolites « pertinents » et « non pertinents », selon différents critères comme leur potentiel génotoxique, reprotoxique, leurs possibles effets de perturbateurs endocriniens… Et aussi en fonction des les données dont on dispose, qui ne sont pas toujours nombreuses » ajoute Pauline Cervan. En cas de doute sur un métabolite, l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, la classe comme « pertinent ».

    « Pour les métabolites dits pertinents, la norme sanitaire est fixée à 0,1 microgramme par litre et pour les métabolites non pertinents, la norme est plus élevée, à 0,9 microgrammes par litre. Donc si un métabolite est jugé non pertinent et qu’il est présent à un niveau situé entre 0 et 0,9 microgrammes par litre, l’eau sera classée comme conforme » indique encore Pauline Cervan.

    Inversement, quand un métabolite pertinent dépasse la limite de qualité, fixée à 0,1 microgramme par litre, l’eau est déclarée « non conforme ». Mais pour que sa consommation soit interdite, il faut que le deuxième seuil, le Vmax, soit atteint. Chiffre qui n’est pas établi pour tous les métabolites donc.

    Que se passe-t-il si les seuils sont dépassés ?

    Souvent, les normes réglementaires ont été dépassées sans que l’eau n’ait été coupée dans certaines régions de France. Cela a été le cas dans les Hauts-de-France, où l’Agence régionale de Santé a fixé cette valeur de gestion provisoire à 44,4 µg/l pour le chloridazone desphényl. Une limite arbitraire, aucune Vmax n’ayant été établée pour ce métabolite dérivé d’un herbicide utilisé dans la culture de la betterave et interdite depuis 2020.

    Ce métabolite a pourtant été détecté à 12,46 microgrammes par litre dans une commune des Hauts-de-France, bien au-dessus de la norme initiale donc… Si le principe de précaution était strictement respecté, il devrait être interdit de boire l’ eau du robinet. Pourtant, elle n’a jamais été coupée.

    Commentaire est-ce possible ? « Lorsque les seuils sont dépassés, la Direction générale de la Santé (DGS) recommande alors de se référer à la valeur de gestion provisoire » explique le toxicologue. « Cette valeur n’a pas été établie par des données sur les métabolites mais tirées de molécules voisines ressemblantes. Cela reste pour le moins des données assez incertaines, donc » ajoute Pauline Cervan.

    Quelles solutions envisager ?

    Alors que faire ? Est-il possible de se passer de l’eau du robinet en privilégiant l’eau en bouteille ? Pour Pauline Cervan, la réponse est non. « En raison de la présence de microplastiques et par rapport aux déchets que cela générerait, l’eau en bouteille n’est pas une solution envisageable. On doit plutôt tenter de régler le problème à la racine et cela touche au problème de l’interdiction des pesticides. Nous voulons en discuter avec l’Anses et les autorités publiques afin d’aboutir à une solution pérenne pour tous ».



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