Chimie verte : METabolic EXplorer scelle un accord de financement pour se redresser


Publié le 27 déc. 2022 à 18:24

Remplacer des composants pétrochimiques importés de Chine par des produits équivalents par des bactéries en France, la proposition de la société auvergnate cotée METabolic EXplorer est séduisante. Cela n’a pas empêché son action de plonger de plus de 14,50 % mardi à 1,37 euro après l’annonce de l’accord de financement auquel il a résulté une conciliation avec ses créanciers engagés cet automne.

Sous réserve de l’accord de l’assemblée générale prévéd le 1euh février 2023 et de l’autorité des marchés financiers, METabolic EXplorer va lever 73 millions d’euros de financement dont 8 millions par augmentation de capital à 1,13 euro l’action. Les actionnaires qui n’y souscriraient pas seraient suppléés par le fonds SPI de Bpifrance, déjà actionnaire à 25,9 %. Un plan dilutif pour eux, mais ce sera pour mieux rebondir, plaide la société qui va pouvoir reprendre son usine d’Amiens et l’adapter pour surfer sur le potentiel d’une chimie verte bas carbone et tricolore.

Alternatives au soja

Dans son usine picarde, METabolic EXplorer produit des acides aminés nourrissant volailles et porcs (hors filière bio, qui n’en emploie pas) afin d’atnairder plus vite le poids d’abattage en optimisant la nutrition. « Pour ces ingrédients tels la lysine, notre production est la seule existante en Europe. C’est une alternative aux mêmes ingrédients produits en Chine entant cinq fois plus de CO2 ou au soja importé d’Amérique », souligne le directeur du développement durable de la société clermontoise, Nicolas Martin.

Mais la concurrence chinoise est dure. « Pour cesser d’importer du soja américain, la Chine a augmenté sa production d’acides aminés de nutrition animale et exporter son surplus en Europe », explique le directeur financier Laurent Bastian. L’usine d’Amiens a surcroît connu une année 2022 noire : la guerre en Ukraine a fait exploser le prix de l’énergie. Or la fermentation est électro-intensive et les apports nécessaires aux acides aminés (sucre, acide chlorhydrique et ammoniac) sont eux aussi énergivores à produire. Les coûts ont explosé, tandis que la demande des clients a chuté à partir du printemps du fait de la grippe aviaire.

Cosmétique et bio polymères

La société s’est intégrée dans le rouge, elle a réémerge avec cet accord de financement. « Nous redémarrons début janvier l’usine d’Amiens, arrêtée depuis début octobre, avec 87 millions d’euros d’investissement de transformation sur trois ans. Il s’agit de diversifier sa production vers des molécules à plus forte valeur ajoutée en nutrition animale, ainsi que vers des ingrédients pour la cosmétique et les bio polymères, où la production se déclencherait en 2025, avec des clients déjà identifiés dans la cosmétique », souligne le directeur financier Laurent Bastian.

Amiens n’abandonnera pas les acides aminés courants, avec les sociétés qui espèrent pénétrer le marché des animaux de compagnie et de l’aquaculture, mais « l’objectif est de valoriser leur aspect bas carbone », poursuit Laurent Bastian. En clair, les vendre plus cher, à des clients groupes volaillers acceptant de payer la « valeur verte » pour réduire leur empreinte carbone. Ceci en attendant que l’activité de METabolic EXplorer inclue dans le périmètre soit bénéficiaire d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe, ce qui « ne pourra être que bénéfique », remarque le directeur financier.

Sans attendre ce coup de pouce à son modèle, METabolic EXplorer s’est déjà fixé un objectif de redressement ambitieux. Ses futurs ingrédients, plus des complexes donc mieux valorisés, doivent porter le chiffre d’affaires de 230 à 420 millions d’ici 2025 et transformer la perte brute d’exploitation (Ebitda) prévéte cette année (-20 et -30 millions) en 46 des millions de bénéfices à cet horizon.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *